Les troubles hépatiques font partie des troubles qu’on ne songe pas à rattacher à la ménopause.
Caractères des troubles hépatiques
Pourtant ils sont loin d’être rares ou négligeables et montrent des caractères constants bien particuliers.
Intolérance digestive, plus ou moins violente, à des aliments absorbés sans inconvénients jusqu’alors. Champagne, vins blancs au premier rang, plus chocolats, graisses, et , souvent, toutes les formes d’alcool, déterminant des réactions intenses qui peuvent prendre l’allure :
- d’une grande migraine immédiate
- de gueule de bois du lendemain, de durée anormalement longue, et tout à fait hors de mesure avec la qualité ingérée
- ou bien, d’une sorte de crise de fois de 2 à 3 jours, ou davantage, avec maux de tête, vertiges, nausées intenses, parfois jusqu’au vomissement
- la ressemblance avec les migraines hormonales de la vie gynécologique est frappante, mais le point de départ est toujours alimentaire, et les crises sont déclenchées par des quantités souvent dérisoires, quelques gorgées, une ou deux bouchées
Malgré leur aspect clinique évocateur, il est très difficile de rattacher ces phénomènes à une insuffisance hépatique dont on ne trouve d’ailleurs ni antécédents ni signes en cours d’examens ou de tests.
Ils existent en dehors de toute atteinte pathologique même légère.
Une excrétion biliaire brutale
Leur caractère brutal, disproportionné, évoque souvent une réaction allergique. Dans les facteurs déclenchants prédominent des produits à action vaso-dilatatrice (alcools) puis ceux qui provoquent une excrétion biliaire brutale.
Tout se passe donc comme si la réaction vasculaire et sécrétoire normale prenait tout à coup l’allure d’un véritable orage.
Mais, de même qu’il n’est pas possible de trouver des perturbations hépatiques appréciables, il est difficile de trouver des réactions immunologiques qui objectivent une réaction allergique.
Le traitement ne simplifie pas les difficultés du diagnostic : cette hyper-sensibilité, en effet, ne réagit que très faiblement aussi bien aux anti-histaminiques qu’aux draineurs hépato-bilaires.
Leur association en traitement prolongé ne semble freiner l’hyper-sensibilité générale… qu’à la condition expresse d’éliminer soigneusement les causes alimentaires.
Il est souvent nécessaire de protéger la patiente pendant 2, 3 ou 5 ans, sans qu’on sache très bien si c’est à force de constance, ou simplement parce que le problème s’est résolu de lui-même, que les phénomène cèdent peu à peu et finissent par disparaître complètement autour de 60-65 ans.
Cet ensemble bizarre permet tout de même quelques constatations.
Cette apparente fragilité hépatique se rencontre, chez la femme, dans des occasions bien définies :
- la puberté, âge des grandes indigestions spectaculaires, des nausées sans raison, de malaises et d’évanouissements fréquents. Age aussi de l’apparition des premières grandes migraines. Combien d’adolescentes sont traitées pour une insuffisance hépatique dont on ne retrouve plus trace à l’âge adulte !
- les syndrome prémenstruels avec leur tableau classique : nausées, céphalées, vertiges, vomissements
- les débuts de grossesse à l’appui de nausées parfois féroces, et à nouveau de tendance à l’évanouissement
- la ménopause enfin
Et si on peut trouver des particularités, propres à chaque époque, il n’en reste pas moins que ces manifestations frappent des sujets, normalement indemnes, à des moments privilégiés, très clairement définis et très semblables sur le plan hormonal.
Comme si à tout chambardement hypothalamique correspondait un certain désordre digestif de type neuro-végétatif dont le mécanisme n’est pas encore clairement défini.
Cas d’alcoolismes
Explicable ou non, la perturbation de la sphère hépato-biliaire est évidente à la ménopause.
C’est une période privilégiée de lithiases vésiculaires, celle de la plus grande fréquence d’interventions chirurgicales.
Dans les cas d’alcoolismes, jusque-là relativement tolérés, elle signe l’époque des grandes décompensations hépatiques et tissulaires qui, en moins de 3 mois, défigurent, d’œdèmes et de bouffissures, un visage ou un corps.
Il est possible, enfin, que ce soit une des causes de ces grandes carences vitaminiques que rencontre si souvent à cette époque.
Le problème du fonctionnement hépato-bilaire, en rapport avec les grandes crises humoro-hormonales, est donc posé et demande une solution qui est certainement complexe et, sans doute, tout autre que digestive.