Et pourtant, le cancer du sein est un véritable fléau social :
- par sa fréquence relative : c’est le plus fréquent des cancers génitaux, il faut à lui seul le quart de tous les cancers féminins
- par sa fréquence absolue : il frappe une femme sur 14
- par sa gravité : c’est le plus meurtrier. A tout âge. En France, on compte 7000 décès par an dont la moitié survient à moins de 5 ans d’évolution.
C’est le seul des cancers génitaux qui ne laisse que 25 % seulement de femmes survivant en bonne santé, 10 ans après le diagnostic !
Comment cela est-il possible, malgré les progrès modernes, alors que tous les autres taux de cancers génitaux régressent sensiblement ?
Une survie terriblement bas
Pourquoi, malgré les progrès de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie, le taux de survie terriblement bas : 55 %, n’a-t-il pas changé de façon significative depuis 35 ans ?
Il existe une explication évidente, incroyable et pourtant statistiquement mesurée :
10 % …, 10 % seulement, des patientes se présentent ou sont dépistées au stade T1, où la guérison est certaine pour 90 à 95 % des cas !
40 % se signalent au stade T2 où la tumeur a déjà un diamètre supérieur à 2 cm et ne peut donc passer inaperçue.
Mais 50 % de femmes sont assez ignorantes, assez folles, assez bêtes ou assez lâches pour ne se présenter qu’au stade T3 et T4.
Il y a de multiples raisons à cette attitude néfaste :
Raisons physiologiques
Si pour tous les cancers un diagnostic précoce est le facteur essentiel de guérison certaine, il est ici plus encore que pour tout autre. Jugez-en :
Il faut des années pour qu’une tumeur cancéreuse passe du stade mono-cellulaire à un diamètre d’environ 1 cm, qui la rend cliniquement perceptible. 5 à 8 ans, c’est extrêmement long, surtout quand cela représente la distance entre le début de la maladie et son diagnostic.
L’évolution à partir de la découverte semble s’accélérer tragiquement, mais il n’en est rien en réalité. La progression est régulière pour une tumeur donnée.
Chacune a un rythme de doublement qui lui est propre, et reste régulier tout au long de l’évolution .
Un rythme de doublement
Imaginons un rythme de doublement de 6 moins par exemple. S’il faut 6 mois pour passer de 1 cellule à 2 … de 20 à 40, etc., on comprend que l’évolution microscopique soit très longue.
Mais lorsque la tumeur atteint environ 0,5 cm, elle fera 1 cm 6 mois après, 2 cm 1 an plus tard, 4 cm 18 mois plus tard, etc.
Après des années d’évolution silencieuse et bien limitée, en quelques mois, l’extension devient considérable (voisinage, ganglions, métastases). A 3 mois, 6 mois, 1 an près, on passe d’une tumeur presque bénigne à la grande invasion et au danger mortel.
Or, que se passe-t-il ? 95 % des cancers du sein sont diagnostiqués par les femmes elles-mêmes, et par hasard. Donc presque toujours au delà de 1 et même 2 cm.
Ensuite, à partir du moment où la tumeur est décelée, la femme peut laisser passer une délai de plusieurs moins avant de consulter son médecin, inconsciente du fait qu’elle joue ce retard — non pas sur la longue et lente période d’ébauche — mais sur les courtes années terminales de la tumeur, et que le moindre retard peut engager une invasion ganglionnaire ou des métastases irréversibles.
Elle prend donc sans bien le comprendre, un risque insensé.