Un grand étonnement surgit en entendant le terme ménopause ou femmes ménopausées, la stérilité attire aussi l’intention de tous. La notion de stérilité définitive, irréversible, provoque des réactions ambiguës, parfois contradictoires.
Bien des femmes éprouvent un moment d’angoisse à l’idée de perdre à tout jamais une capacité exceptionnelle, un pouvoir un peu miraculeux. Pour certaines, la nostalgie des tout-petits est parfois très profonde.
Mais les pulsions, motivations ou nostalgies deviennent peu à peu moins violentes, la raison est plus forte, qui remplace l’adaptabilité ou l’insouciance de la jeunesse et refrène et retient.
Le passage se fait plus ou moins aisément mais presque toujours sans drames.
Mais il y a des exceptions.
Étrangement, ce n’est pas une catégorie de femmes particulière.
- la plupart n’ont voulu qu’un ou deux enfants, et un regret tardif les assailles à l’idée de « jamais plus »
- certaines ont de véritables nichées, en succession plus ou moins régulière. Mais elles ne s’imaginent pas autrement qu’enceintes ou pouponnant. Dès qu’un enfant grandit un peu, elles ont besoin d’un autre. Autre que le mythe de la ménopause, le mythe de la femme, pour elles, n’a qu’une seule image, et elles peinent, et ne réussissent pas toujours à se voir autrement
- enfin, il y a parfois des raisons objectives précises : union tardive où l’enfant est d’autant plus ardemment espéré, que longtemps attendu, remariage après divorce ou veuvage. Cependant, il est rare d’assister à cet âge à ces quêtes désespérées qui poussent si longtemps, de spécialistes en spécialistes, tant de jeunes femmes défavorisées. Après quelques tentatives sans grande conviction, la résignation s’installe sans trop de heurts et avec une facilité caractéristique, et la nostalgie des tout-petits se reporte aisément sur les petits enfants proches à venir
Seule exception à cette adaptation raisonnable, certaines fixations névrotiques, soit qu’elles aient toujours existé, soit qu’elles cristallisent brusquement sur un sujet qui touche aux raisons mêmes de la personnalité.
Mais ceci représente au total un très petit nombre.
Dépression psychologique
L’opinion masculine croit volontiers à un sentiment de frustration et de déchéance chez la femme à l’idée de perdre sa fécondité bien avant l’homme, et , pour beaucoup d’auteurs, c’est le fondement même de la dépression psychologique de cet âge : la femme, déjà privée de pénis et des attributs de la virilité, se sentirait, en devenant irrémédiablement stérile, définitivement dévaluée vis-à-vis de l’homme qui conserve intact et très tardivement son pouvoir fécondateur.
Mais, ce point de vue semble très exclusivement masculin.
Dans ce domaine particulier, les femmes ont de bonnes raisons d’avoir, de la fécondité, une idée autrement vaste et pesante que les hommes.
Pour quelques instants auxquels ils participent à deux, elle doit ajouter 9 mois de grossesse, 12 heures d’accouchement, 3 à 6 mois d’allaitement, 5 ans de nursing, 10 ans d’éducation ; ces 15 années assaisonnées du double ou triple travail ménager.
Et elles ne sont pas près de confondre gloriole et symbolisme avec fonction à plein temps.
Dans la réalité, 70 à 75 %, plus des 2/3 des femmes, accueilleraient, au contraire, avec joie une stérilité bien plus précoce.
La plupart ont leur compte d’enfants.
La fin de la crainte de grossesse est un soulagement pour toutes, mais tout particulièrement pour :
- toutes celles dont les grossesses et accouchements ont été pénibles, ou pathologiques et qui se seraient bien passées de recommencer
- celles dont le nombre d’enfants a dépassé de beaucoup leurs désirs ou leurs possibilités
- celles dont l’angoisse et les précautions contraceptives ont empoisonné la vie conjugale et la vie tout court
- et enfin, même celles qui ont réussi sans accident une contraception, mais peuvent enfin relâcher avec soulagement une discipline astreignante, et oublier des angoisses coutumières
La stérilité fait son apparition
D’ailleurs, la réalité de cette prétendue frustration quinquagénaire se trouve singulièrement amoindrie par le fait que la stérilité est apparue, et reconnue entre 36 ans et 43 ans chez plus de 40 % des femmes.
Or, cette forme de stérilité survient toujours sans troubles physiques, et généralement, sans perturbations psychologiques. Elle est même, au contraire, fort bien accueillie.
La plupart en sont ravies et reposées et ne se précipitent ni chez un obstétricien, ni chez un psychothérapeute.