L’apparition d’une nervosité, cyclique ou continue, aux expressions multiples, mais dont les manifestations, souvent exagérées, sont presque toujours inexplicables, aussi bien par la personnalité antérieure, que par le contexte immédiat, est une des modifications caractérielles les plus spécifiques de la ménopause (45 à 55 % des cas).
La nervosité climatérique
Si elle revêt les formes les plus variées, la nervosité climatérique a des caractères particuliers, toujours les mêmes, qui se retrouvent chez toutes les femmes.
Au premier rang, l’émotivité, signe majeur. Elle est particulièrement étonnante chez les femmes qui n’y ont jamais été sujettes.
L’hyperexcitabilité de toute la sphère hypothalamo-hypophysaire exaspère émotions et sentiments en démultipliant démesurément les traductions physiques neuro-végétatives : sursauts, rougeurs, pâleurs, palpitations, extra-systoles, tremblements irrépressibles, frissons, contractures des joues, des lèvres… On a vu rouge et la patiente insiste, vraiment rouge…
On sentait le visage et tout l’intérieur de ma tête pleins de sang chaud !…
Tout cet ensemble de sensations anormales, intenses jusqu’au malaise, finissent par faire craindre à la femme les émotions capables de les susciter, et, classiquement, cette angoisse les majore aussitôt.
La nervosité de ménopause
La nervosité de ménopause, comme typiquement celle de la puberté, s’accompagne d’une instabilité considérable. C’est une des premières modifications caractérielles :
- labilité
- bizarreries de l’humeur
- succession d’impulsions déraisonnables et de freinages paralysants
- excitation joyeuse
- hyper-activité
- passivité annihilante ou dépressive
Décuplée par l’émotivité, cette instabilité climatérique, avec ses alternances d’agitation ou d’apathie, de gaieté et de neurasthénie, au début simplement disproportionnées, puis tout à fait incohérentes et anormales est si caractéristiques, qu’on retrouve des traces dans la littérature la plus ancienne.
La femme en ménopause est aussi typiquement et exagérément cyclothymique que l’adolescence à la puberté.
Le caractère dominant de cette cyclothymie, ses traductions émotionnelles, son action également époques de la vie et fréquemment retrouvée dans les carrières gynécologiques perturbées, doit orienter vers de causes centrales neuro-humorales plutôt que vers des facteurs psychologiques, tout au plus favorisants.
Les états dépressifs de la ménopause, cycliques ou continus sont biens plus fréquents et accusées que l’estimation qu’on en fait d’habitude.
C’est, en effet, un domaine où les femmes sont relativement réservées : crainte d’être raillées, une sorte de pudeur à afficher dépression ou angoisse pour certains motifs narcissiques, ou tout simplement l’habitude de n’être jamais prises au sérieux, si ce n’est rabrouées, à propos de leurs états d’âme.
Les états dépressifs
Dans toutes les recherches que nous avons faites, les troubles psychiques et les états dépressifs nous sont apparus plus fréquents et plus profonds qu’une approche superficielle ne le laisse croire :
- sentiment d’abandon, de solitude, d’être incomprise
- pessimisme, impressions de catastrophes imminentes, angoisses diffuses ou aiguës
- et, envahissantes, invincibles, sensations de vague à l’âme, de désenchantement, humeur triste, idées noires pouvant aller jusqu’à des crises de désespoir, sur lequel se greffent, plus souvent qu’à d’autres époques de la vie, de véritables impulsions suicidaires.
Il est certain que, chez la plupart des femmes cyclothymiques à tendance dépressive, tous ces signes s’aggravent dangereusement, majorés par l’exaspération neuro-végétative des émotions, les variations imprévisibles et incontrôlables de dynamisme ou d’apathie, et l’état général asthénique.
Le climatère peut déclencher de graves décompensations.
Mais les crises dépressives surviennent parfois chez des femmes qui n’ont jamais donné de signes dépression et qui n’ont aucune raison d’en avoir.
Sans raison et sans habitude de cet état, elles s’affolent à la recherche d’une cause pathologique grave.
Les dates d’apparition atténuent ou exagèrent cette impression, suivant que la ménopause peut-être classiquement mise en cause ou n’est pas encore soupçonnée.