Les ménopauses sans troubles des règles sont, elles aussi, bien accueillies.
Les femmes parlent avec reconnaissance d’un arrêt définitif d’un mois à l’autre et cela leur fait souvenir oublier tous les autres ennuis concomitants.
Ce fait prouve surtout la crainte profonde des troubles hémorragiques, le soulagement d’y avoir échappé, et à quel point ce genre de troubles pèse sur la vie des femmes, au point de leur en faire négliger, ou même ignorer d’autres, ainsi que des pathologies simultanées ou consécutives, autrement importantes.
Des signes pour les uns
Souvent certains signes, parmi les plus évidents, ne sont tout simplement pas évoqués car la patiente, traditionnellement, les croit normaux, dans la règle.
D’autres sont oubliés car peu marqués ou inférieurs à l’idée terrible que la femme se faisait de la ménopause.
Des symptômes pour les autres
Les seuls symptômes décrits sans hésitation sont les bouffées de chaleur, les hémorragies. Par contre, les troubles de la vue, ou de la mémoire, la fatigue, les douleurs articulaires, congestions, fourmillements, crampes, maux de tête et toutes les pseudo-pathologies sont toujours rattachés à d’autres causes circonstancielles pathologiques.
Il semble que les femmes n’attribuent à la ménopause que les perturbateurs qui accompagnent de très près les premiers dérèglements menstruels ou leur interruption.
Dans les troubles tardifs autrement importants : appauvrissement tissulaire, atrophie génitale, manifestations d’ostéoporose, c’est le vieillissement qui est accusé, par la ménopause.
Enfin, il y a de magnifiques spécialistes du faux-souvenir-optimiste :
- jamais de problèmes
- santé-de-fer
Il y a des attitudes de bravade : on n’a pas l’habitude de m’écouter…, on n’a jamais fait attention à ces choses…
Cette attitude, bien caractérisée, se retrouve à tout propos. On oublie, de la plus invraisemblable façon, des maladies, des opérations, des accidents même, qui ne sont rappelés… ou extorqués qu’en plusieurs consultations, par recoupements dignes d’un interrogatoire policier, grâce à la présence d’un membre de la famille.
Ces patientes tout à leur personnage sont inconscientes des problèmes qu’elles posent. Certains, tel que l’ignorance d’antécédents essentiels au jugement et à la prescription médicale, pourraient avoir des conséquences graves.
D’autres, plus terre à terre, sont inutilement exaspérants : observations toujours incomplètes, qu’il faut sans cesse corriger, raturer, surcharger quand il ne faut pas les réécrire de bout en bout deux ou trois fois pour obtenir le résultat, chronologiquement exact, clair et bien structuré, indispensable en gérontologie, pour retrouver en un clin d’œil les points essentiels d’une vie entière.
Enfin, il est tout à fait significatif lorsqu’on cherche çà approfondir les résultats statistiques, que les ménopauses normales ou anormales sans histoires n’existent guère que dans le souvenir de femmes déjà âgée… et très peu dans la catégorie directement concernée !
Les jeunes filles déjà, ou de très jeunes femmes, n’ont souvent que peu de souvenirs précis de leur puberté, hésitent, à deux ou trois ans après, pour la date de leurs premières règles ou confondent le souvenir exact et ce qu’elles ont pris l’habitude d’en dire.
Il faut bien avouer que la vie des femmes, en dehors des avatars communs aux deux sexes, est si exceptionnellement surchargée d’événement variés, mille fois répétés, oubliés, renouvelés, qu’il n’est pas vraiment surprenant que ces outils, distractions, bravades ou feintes soient si fréquents.