La ménopause agit beaucoup moins directement sur les caries que les grossesses.
Mais tous les désordres métaboliques, tous les troubles circulatoires et trophiques se traduisent en gingivites, pyorrhées, ostéoporose, au niveau :
- des gencives, en général les premières touchées
- de certaines racines qui se mortifient sans raison apparente
- et tardivement de l’os maxillaire lui-même
Diminuées d’épaisseur, mal irriguées, les muqueuses gingivales cyanosent et s’atrophient. Elles deviennent fragiles aux frottements, saignent pour peu de chose, se défendent mal contré l’infection. Leur aspect décoloré est révélateur. Les dent subissent donc des modifications engendrées par la ménopause.
La gencive
Gencives
Or, l’atrophie, en rétractant un peu la gencive, la décolle légèrement du plan profond. Cela favorise les insertions alimentaires entre muqueuses et dents qui échappent à tout brossage. Ces insertions ont un rôle néfaste :
- elles aggravent rapidement le décollement et la rétraction de la gencive
- elles découvrent et exposent à la carie les fragiles collets des dents, normalement recouverts et protégés
- enfin, et surtout, elles favorisent le déchaussement de dents, déjà fâcheusement facilité par l’atonie musculaire et ligamentaire générale de la ménopause, et, plus tard, lourdement grevé des atrophies ostéoporotiques des racines ou des maxillaires, conséquences secondaires de l’appauvrissement hormonal
Cette tendance au déchaussement progressif est accéléré lorsque les dents ne sont pas très solidement maintenues les unes par les autres, et étroitement ajustées à celles du maxillaire opposé.
A cause de l’atrophie de tout le système d’insertion et de contention, dans une ménopause non traitée, un défaut de l’articulé, la présence d’un seul créneau sans prothèse, se traduisent alors rapidement par le déchaussement de la dent opposée, puis le déplacement latéral, et le déchaussement de proche en proche des dents voisines.
Caries interstitielles
C’est l’origine de l’allongement et de l’écartement des dents de femmes, après le cinquantaine, et de la fréquence des caries interstitielles à cet âge.
A longue échéance, pyorrhée et ostéoporose peuvent détruite progressivement maxillaires et racines, qu’il n’est pas rare de découvrir érodées, et partiellement détruites, réduites à un moignon branlant.
Aussi, par intrication de ces différents phénomènes et la constitution de cercles vicieux : gingivite-déchaussement-pyorrhée, un nombre considérable de femmes entament à la ménopause en processus inexorable vers la dégradation de toute la mâchoire qui au bout de quelques années conduit à la perte de dents, dont beaucoup étaient saines au départ.
Cet ensemble de phénomènes involutifs, comme leurs complications, sont gravement méconnus.
Ils demandent une vigilance et des notions de prévention et de thérapeutique sur lesquelles il nous faudra revenir, car en gérontologie, la destruction de l’appareil dentaire est une chose grave et les prothèses totales sont toujours un pis-aller.
Perte des molaires
Molaires
Pour les femmes, l’excavation des joues par la perte des molaires, le côté inesthétique du déchaussement, les haleines fétides des pyorrhées, l’extrême incommodité et l’altération sénile irrémédiable de tout le bas du visage qui accompagnent le port d’un dentier devraient être un des sujets de préoccupation majeure, et motiver dès le plus jeune âge la plus soigneuse prévention.
Mais il faudrait pour cela savoir :
- que la dégradation est probable pour plus de 72 % des femmes à partir de la ménopause, quasi certaine femme en post-ménopause
- que les premières atteintes sur une bonne dentition sont toujours sérieuses et destinées à s’aggraver
- que l’existence de troubles préalables jusque-là bien toléré vont décupler la certitude et la rapidité de cette dégradation
Il est regrettable qu’un manque d’informations les empêche de se sentir concernées et menacées à temps, lorsque tout est encore possible, et de savoir ce qu’il faut faire alors.
