Agressive, férocement possessive et revendicatrice, la jalousie de la ménopause est une nuance très particulière de la jalousie en général et d’autant étonnante qu’elle apparaît quelquefois chez des femmes qui, jusque-là, n’en avaient jamais montré, ou éprouvé le moindre signe.
On a voulu expliquer et l’apparition tardive et le décalage avec la personnalité antérieure, par une transformation virilisante.
Nous en avons vu beaucoup. C’est un domaine où les femmes se confient aisément à d’autres femmes. Elles nous ont paru plus souvent des comportements de panique que de modifications physiques virilisantes.
Jalousie narcissiques et possessives
Toutes les jalousies sont narcissiques et possessives, mais, à cet âge, la femme est hyper sensibilisée par l’exaspération de ses réactions émotives ou dépressives, désemparée par la désintégration de son milieu familial ou social, fragilisée par la conscience ou la crainte de sa propre dégradation.
Elle n’est plus la première, la seule, la préférée. Elle n’est plus la mère indispensable, dans la mesure où les enfants ne sont plus des enfants.
Elle n’est plus essentielle à la vie de son mari, dans la mesure où il y a longtemps que leurs vies se sont partiellement détachée. Alors elle s’affole et se traumatise à un point inconcevables.
Ressentie et majorée de façon très pénible, aussi bien par l’intensité des réactions émotives que par la profondeur de la dépression consécutive, la femme à cet âge perd souvent toute mesure, se comporte en bête traquée.
La blessure narcissique
Toujours dans la phase de troubles psychiques, toute possibilité de diplomatie patiente, raisonnable ou astucieuse, est débordée par l’intensité de réaction émotive, l’affolement, la démesure de la blessure narcissique qui détruit sa confiance en elle-même justement ébranlée, et l’impression de situation irréparable.
Dans certain cas exceptionnels très caractéristique, on assiste à un extraordinaire récital d’autodestruction qui donne une caractère particulier, presque rituel aux jalousie délirantes, caractéristiques, de la pré-ménopause.
Dès le début, la femme essaie de matérialiser à l’extrême l’étendue de son infortune. Savoir prend un importance obsessive comme s’il fallait ne perdre aucune miette de son malheur.
Elle court aux pires conclusions, contre les plus sûres évidences. Puis, de façon inexorable, comme un exécuteur, se néglige, joue à l’extrême les ravagées, les détruites.
Enfin, de la même manières, la créant parfois de toute pièce, elle met en scène la destruction familiale.
Comme elle a détruit son image, puis l’image de son bonheur, elle s’acharne à détruire l’image du père, puis l’image du foyer dans ce qu’il avait de plus vrai.
Et après avoir expliqué à grands cris, la première année, qu’elle va mourir d’être un tout petit peu trompée, un tout petit peu abandonnée, vieillie, méconnaissable, enfin soulagée et inexplicablement apaisée, elle explique, trois ans plus tard, qu’elle est enfin séparée de son mari, et que c’est un bon débarras.
Crise ravageante et insensée
Et l’évidence du soulagement dont elle se vante, de la transformation, presque outrée, dont elle ne se plaint plus, qui terminent cette crise ravageante et insensée, montrent à quel point s’est joué là, bien autre chose qu’un point de fidélité conjugale : la blessure narcissique démesurée et impardonnables.
Car les armes sont perdues pour reconquérir une image tolérable de soi qu’elle préfère détruire que conserver amoindrie.
Cet autre en qui plus jamais elle ne retrouvera la confiance en elle-même, elle préfère le perdre tout à fait.
Cette femme qu’elle n’est plus, cette vie qu’elle croit voir échapper, elle les rejette elle-même de désespoir à l’idée affolante de ne peut-être plus pouvoir les conserver.
Car c’est bien de désespoir qu’il s’agit.
Absurde, incontrôlable, majoré par la phase de mutation critique, mais que seul un bouleversement émotionnel, au-delà de la personnalité, a mené à ce point de démesure incontrôlable.