Les hémorragies de ménopause peuvent atteindre une violence incroyable, et parfois très impressionnante.
Elles ont laissé des souvenirs mémorables dans l’histoire, même récente, de la médecine.
Il y a moins d’un siècle en effet, sans anesthésiques, sans antibiotiques, sans anti-coagulants et sans hormones, aucune intervention n’était possible.
Il fallait assister impuissant au développement parfois interminable et terrifiant d’une succession d’hémorragies d’origine inconnue, et d’autant plus mystérieuses et déconcertantes que, si quelques-unes, particulièrement violentes ou d’origine cancéreuse, aboutissaient à la mort, bien d’autres, après des récidives plus ou moins longues, parfois de plusieurs années, s’éteignaient spontanément, sans laisser de traces… ni d’explications !
Après la découverte de l’anesthésie, et de l’aseptie, la chirurgie s’empara du problème, cherchent obstinément — et abusivement — des causes que l’on ne pouvait imaginer, autres qu’anatomiques.
Ce n’est que très récemment que fut enfin comprise et démontrée l’origine fonctionnelle, ovarienne, du plus grand nombre d’entre elles. Mais il est vrai que les moyens nets et clairs de poser un diagnostic et d’intervenir efficacement sont, eux aussi, assez récents.
En période féconde
En cette féconde, une hémorragie est toujours pathologique :
- accident de grossesse
- avortement
- placenta prœvia
- rupture de grossesse extra-utérine
- quelquefois fibromyome ou cancer du col
Mais le risque obstétrical domine de très loin, et c’est à lui qu’on songe avant toute autre chose.
A partir de 40 ans
A partir de cet âge, le problème devient plus complexe :
- il faut tout d’abord s’assurer qu’il n’y a pas un état de grossesse
- ensuite, vérifier la possibilité d’une hyperplasie, d’un myome sous-muqueux ou d’un polype, et éliminer tout cancer
- et puis songer enfin à la possibilité de troubles de règles d’une ménopause précoce
A la ménopause
A la ménopause, les choses se compliquent extrêmement. Règles hémorragiques ou hémorragies intermenstruelles sont fréquentes, sans relever obligatoirement de phénomènes pathologiques.
Des hémorragies fonctionnelles sont encore possibles après un arrêt apparemment définitif.
Il ne faut donc pas dramatiser.
Mais, à l’opposé, on ne peut se fier trop paisiblement à une explication purement physiologique. Si le risque obstétrical a disparu, le danger d’hémorragies d’hyperplasie cataclysmiques, les petites pertes irrégulières d’un cancer, ne permettant aucune désinvolture.
Il ne faut pas supposer, mais chercher et éliminer patiemment, méthodiquement, toutes les pathologies bénignes ou graves susceptibles d’en provoquer.
Enfin, dans la post-ménopause tardive, toute hémorragie est suspecte et demande des vérifications rigoureuses.
Les causes bénignes l’emportent nettement dans les 3/4 des cas. Elles sont à l’origine des hémorragies les plus violentes et les plus spectaculaires.
Voici qui ne ressemble guère aux idées qu’on se fait !
Les causes bégnines
Les causes bégnines assurent la responsabilité de 68 à 78 % des grandes hémorragies. Elles sont :
- tantôt fonctionnelles : hyperplaise
- tantôt organiques : fibromes, polyre de l’utérus
- tantôt thérapeutique : de simples erreurs de prescription ou de prise hormonale partagent souvent cette responsabilité. Elles se placent au 3 e rang des causes begnines !
Les lésions malignes
Les lésions malignes sont infiniment moins nombreuses, mais incomparablement plus graves ; elles causent rarement de grandes hémorragies, mais se trahissent plutôt par des pertes irrégulières, peu importantes mais répétées.
Ici aussi l’utérus sont la muqueuse est si naturellement hémorragisante prend la tête par ordre de fréquence, devant les lésions su col.
Mais leur évolution, autrefois toujours mortelle, a changé. Avec les progrès modernes, elle va de la guérison à 100 %, a des sursis de plusieurs années ou de seulement quelques mois, suivant la précocité du diagnostic et de la mise en train thérapeutique.
Aussi insisterons-nous particulièrement sur ce problème car c’est de l’idée juste qu’une femme s’en fait, et de sa rapidité à conclusion, que dépend l’efficacité totale ou au contraire tristement relative du médecin.