La ménopause est donc l’ensemble des phénomènes qui entourent la cessation de fonction ovarienne.
Mais le mécanisme de cette extinction commence à se constituer silencieusement, parfois longtemps avant l’arrêt des règles.
Les symptômes qui l’accompagnent se dispersent sur un éventail de 5 années au moins, souvent de 10, parfois de 15. Certains de des conséquences directes de la ménopause — souvent les plus graves et les plus franchement pathologiques — ne se manifestent que bien plus tard, dans la vieillesse.
Dans la pratique, on a pris l’habitude de diviser la ménopause en trois périodes :
La période pré-ménopause
Une pré-ménopause, avant l’interruption des règles avec sécrétion persistance plus ou moins forte d’œstrogènes, mais diminution franche de la sécrétion de progestérone.
Elle est caractérisée par :
- des perturbations de règles
- des phénomènes tissulaires et vaso-moteurs simulant une hyper-œstrogénie
- les premières atteintes de l’équilibre général
La ménopause
La ménopause proprement dite avec :
- disparition des ovulations, dons de la progestérone
- chute réelle des œstrogènes
- augmentation plus ou moins accusée du taux des gonadotrophines hypophysaires
C’est l’époque de la disparition des règles, et des grands troubles de privation hormonale.
La période post-ménopause
Enfin, une post-ménopause où toutes les sécrétions : hormones et gonadotrophines, tendent vers l’extinction. Les troubles neuro-végétatifs s’apaisent, tandis que l’atrophie gagne et se généralise.
Cette division un peu arbitraire et aux limites incertaines permet tout de même de séparer les différents types de troubles correspondant aux caractères de chaque étape du déséquilibre hormonal.
Mais du début des symptômes à la fin, de la stérilité et l’aménorrhée aux dernières bouffées de chaleur, il peut courir jusqu’à 20 ans de différence. Des conséquences métaboliques ou dégénératives directes peuvent n’apparaître que bien plus tard encore dans la vieillesse.
Voilà donc un problème aussi compliqué que vaste :
- chronologiquement, ses causes, ses manifestations et ses conséquences couvrent plusieurs années avant l’arrêt des menstruations et pratiquement toutes les années d’après
- physiologiquement, il est constitué d’un ensemble de mécanismes causes et de mécanismes conséquences d’une extravagante complexité, et dont certains sont parfois si éloignés de l’extinction ovarienne proprement dite qu’on a mis très longtemps à les y rattacher
Si l’on veut parvenir à cadrer la ménopause, dans le contexte d’une vie entière, la définir assez clairement valables, il faut la prendre dans son ensemble, depuis le début de la perturbation fonctionnelle ovarienne, à travers ses manifestations et ses troubles, et aussi loin que nécessaire, dans ses conséquences dégénératives ou pathologiques.
On pourrait objecter qu’à notre époque où presque tous les troubles de la ménopause sont curables, où la ménopause elle-même peut être compensée, comme effacée, cette étude devient sans objet.
Mais c’est justement pour cela qu’elle paraît nécessaire.
La préparation et la rédaction d’un rapport médical se font toujours dans un climat ambigu : le sentiment pénible et contradictoire d’être toujours incomplet, et dans le même temps, très vite dépassé.
Les publications techniques les plus à jour sont toujours en retard d’au moins deux ou trois ans sur le niveau réel des travaux en cours.
Aussi le temps de mettre en ordre et de rédiger, de nombreuses questions posées sont résolues ou devenues sans objet, les hypothèses envisagées, balayées par une nouvelle orientation des recherches, les impossibilités techniques dominées ou contournées grâce à des méthodes imprévisibles peu avant.
On est sans cesse ballotté entre la sensation de n’être pas assez rapide pour que l’exposé garde sa justification, et celle désolante de n’être pas assez complet.
La sensation de provisoire est constante. En l’éclat actuel des connaissances, petite phrase significative de la progressivité… et des limites du savoir, revient comme un leit-motiv à chaque détour de phrase dans la littérature médicale.
Et la tentation est grande de s’interrompre, pour, à partir d’une notion, d’une association d’idées ou d’une interrogation nouvelle, tenter de déchiffrer beaucoup plus loin avant d’oser conclure.